
Narrateur: J‘ai entendu dire qu’il y avait une nouvelle initiative populaire fédérale intitulée „Vivre avec dignité – Pour un revenu de base inconditionnel finançable“. Peux-tu nous dire ce qu’est exactement un revenu de base inconditionnel?
Thomas: C’est l’assurance que chacune et chacun reçoivent régulièrement et de manière sûre un montant minimal en espèces couvrant les besoins nécessaires pour vivre. Ce montant permettrait à toutes et à tous de pouvoir vivre dignement et cela contribuerait, de fait, à l’éradication de la pauvreté extrême en Suisse.
Narrateur: C’est bien beau tout ça mais est-ce vraiment réalisable ? Ne nageons-nous pas en pleine utopie avec ces idées?
Thomas: Bien au contraire ! Aujourd’hui plus que jamais, nous vivons dans une société riche, oui j’ose le mot. Les difficultés sociétales rencontrées tiennent bien plus à la redistribution de ces richesses. Quoi de plus logique donc qu’une redistribution étatique, équitable et couvrant les besoins essentiels de toutes et tous?
Narrateur: Personnellement je suis un humaniste et je commence à aimer l’idée mais il y a évidemment des limites. Par exemple, je refuse de voir mes impôts exploser. Étant, par exemple, issu de la classe moyenne, verrais-je mon pouvoir d’achat diminuer pour une noble cause mais dont je ne verrais pas vraiment les bénéfices?
Thomas: Non et ce n’est évidemment pas le but. Cette initiative voit le financement de ce revenu inconditionnel en redirigeant les ressources étatiques déjà existantes (chômage, aide sociale, AVS, …) et donnerait, de surcroît, la possibilité à la Confédération de taxer les transactions électroniques. Le premier point serait un changement de paradigme pour notre état puisque la plupart des aides étatiques sont pourvues de conditions et restrictions et ratent ainsi leur but essentiel : aider les concitoyens. La taxe, quant à elle, serait effectivement comme une taxe sur la valeur ajoutée (TVA) sur les transactions électroniques. Ces dernières sont, étonnamment, des services aujourd’hui exempt de TVA, services pourtant au cœur de notre société en pleine révolution numérique!
Narrateur: Que vient faire la dignité dans tout cela?
Thomas: L’assurance d’avoir la capacité de couvrir ses besoins premiers et vitaux est une condition nécessaire pour vivre dignement. Avant de pouvoir s’épanouir, il faut déjà se nourrir. Cette initiative permettrait cela et les gens pourraient ainsi jouir pleinement de leur temps pour tenter de s’épanouir, sans pour autant avoir la pression nourricière. Ce n’est évidemment pas encore suffisant pour assurer à toutes et tous une vie digne, la dignité rassemblant encore de nombreux facteurs supplémentaires, mais ça contribuerait énormément à sa réalisation.
Narrateur: Pour en revenir à mes limites à mon humanisme, j’ai quand même du mal à potentiellement me saigner pour d’éventuels profiteurs touchant 2500 CHF/mois en ne faisant rien…
Thomas: Ma réponse sera double : premièrement je vous mets au défi d’effectivement vivre avec 2500 CHF/mois en Suisse. Cela tient quasiment à de l’ascétisme et cela serait ainsi un choix de vie ; certes différent et assez à contre-courant du consumérisme ambiant de nos jours. La plupart des gens ne se contenterait pas uniquement de cela et continueraient ainsi à travailler pour continuer à jouir de leur train de vie. Deuxièmement, je me permets de vous retourner la question : comment définissez-vous un « profiteur » puisque ce montant reçu, l’est de plein droit ? Les gens qui vote aujourd’hui, par exemple, abusent-ils de leur droit inaliénable de voter ?
Narrateur: Quel est selon toi le risque encouru avec cette initiative?
Thomas: Ma crainte serait que, dans l’hypothèse d’une acceptation de l’initiative, les politiciens dévoient le but de l’initiative en résonnant avec de vieux schémas lors de sa réalisation politique. Cette initiative propose un changement de paradigme dans la relation entre l’État et ses concitoyens. Aujourd’hui l’État est très paternaliste dans ses tentatives d’aide. Nous proposons d’inverser cela et de responsabiliser le concitoyens en le rendant maître de son destin et en intégrant toute la population à notre économie, même celle qui, de fait, en est exclu aujourd’hui de par leur pauvreté effective.
Narrateur: Souhaites-tu faire passer un dernier message à notre cher lecteur assidu lisant ces dernières lignes?
Thomas: Cher lecteur, si vous souhaitez contribuez de manière effective à l’amélioration de notre société, signez cette initiative. Vous fournirez ainsi à toutes et tous une vie digne grâce à une projet de société redistribuant les nombreuses richesses créées dans notre société et cela avec des outils effectif et en phase avec leur temps.